Toute petite, je piaffais d’impatience à l’idée de pouvoir un jour pousser les portes du monde du livre, soit pour y travailler, soit avec une de mes histoires sous le bras.
Plus tard, j’ai donc suivi une licence de Lettres Modernes et pris une spécialité PAO à la fac… mais j’ai également découvert de mon côté que le chemin pour atteindre cet objectif n’était pas aussi restreint que je l’imaginais – et surtout : pas autant que l’on me le présentait.
J’ai assisté à la montée en force et la solidification de l’autoédition depuis quelques années et réalisé que ce schéma me plaisait un petit peu plus que celui classique du passage par une maison d’édition.
L’alternative de l’AE (autoédition) s’avère de surcroît sérieusement viable, en plus d’être de plus en plus professionnelle.
Alors, que choisir, maintenant que mes études sont derrière moi et que j’ai quelques manuscrits presque à point ? L’un et l’autre parcours sont très différents ; j’ai donc recherché, potassé, pesé le pour et le contre pour prendre une décision éclairée et assumée.
Je ne traiterai pas dans cet article de ce qui différencie l’autoédition et l’édition traditionnelle (en maison d’édition A COMPTE D’EDITEUR) ni ne présenterai un comparatif à proprement parler.
Je parlerai uniquement des réflexions qui ont guidé mon choix.
Voici donc ce qui a fait penché ma balance en faveur de l’autoédition ! (et spoiler : je suis une geek divergente sur les bords 😎)
1- Pour la sérénité
Je commence peut-être par la raison qui va vous paraître la plus étonnante : je trouve l’autoédition relativement moins stressante en comparaison avec l’édition traditionnelle (= en maison d’édition, à compte d’éditeur toujours). Énoncé ainsi, j’assume parfaitement avoir une opinion inverse à la majorité(?).
En maison d’édition, on est globalement accompagné – dans la réécriture/le travail éditorial, la communication (en tout cas, si la maison d’édition s’occupe bien de ses ouvrages et ses auteur·e·s). Bref, on ne nous tient pas par la main, mais cela paraît plus cosy. Du moins, c’est ainsi que moi, je le comprends et le conçois.
Rien à voir donc, avec l’autoédité·e qui doit tout faire lui·elle-même à moins de déléguer : gérer tout à la fois l’administratif (BNF et cie), l’écriture et la réécriture, la mise en page et le choix d’imprimeur, la couverture, le référencement, la promotion, les commandes – ou les prestataires qu’il·elle aura choisi·e·s. Il me vient l’image d’un·e auteur·e avec des bras de poulpe… pas vous ?
Or j’ai une angoisse personnelle avec le processus traditionnel : être accompagnée, d’accord, pas de souci ; mais être donc (et c’est tout à fait normal et nécessaire) assujettie par des deadlines – pour rendre une nouvelle version ou la version finale de sorte à l’envoyer à temps en correction/maquettage, pour valider un BAT (bon à tirer), pour donner mon avis sur telle ou telle chose (couverture – si on me demande mon avis ou autre) et cætera… non.
Cela me fait beaucoup trop peur. Les sévices de mes années Master en temps de COVID peut-être, où mes travaux faisaient des allers-retours sans cesse, où je devais prendre garde aux multiples dates butoirs pour tout et devais garder à l’œil mes mails (ce point-là doit être le summum du stress), où j’avais eu un trop-plein de pression 😣
D’où ma préférence pour l’autoédition : ce qui paraît être un inconvénient pour beaucoup (ce profil multi-casquettes) est un avantage qui a fait pencher la balance dans mon cas. Je choisis mes dates de sortie et m’organise en conséquence. Je suis la seule décisionnaire – et la seule responsable en cas de retard ou boulette, ahah – donc je peux remanier mon planning si j’ai un contretemps sans craindre de porter préjudice à quelqu’un – ou une maison. Je ne stresse pas non plus de rendre un texte dans un temps imparti ni de voir des messages me demandant où j’en suis (ce qui me retire toute mon énergie créatrice, même si la personne en face est adorable).
2- Pour garder l’ensemble de mes droits
Pour ce point, je ne pose pas la question du pourcentage touché en tant qu’auteure sur mon œuvre, mais surtout de ce que je peux faire avec et autour de mon roman.
Du fait du contrat signé en édition classique, l’auteur·rice cède en général (N.B : je n’exclus pas que cela n’est pas toujours le cas, je parle en globalité) des droits d’exploitation. Que je sache, peu sont les auteur·rice·s en maison d’édition qui peuvent créer des goodies comme ils/elles veulent, écrire des nouvelles bonus ou réaliser des éditions spéciales – ou alors ce doit être l’objet d’une discussion/négociation avec l’éditeur·rice (sachant qu’il/elle devra potentiellement les prendre en compte dans le planning et le budget de la ME ?).
Or ce sont des choses que je désire carrément faire, et librement. Pour cela, l’autoédition me semble toute indiquée puisque je n’aurai aucune entrave ou contrainte pour créer ce que je veux, quand je veux, au moment où je veux, autour de mes romans. J’assume que c’est mon planning et mon budget que je mobilise, mais cela me va parfaitement !
Et j’ai beaucoup d’idées… 🥰
3- Pour entretenir et développer mes compétences (car j’adore ça !)
Une chose dont je suis absolument et profondément convaincue est que faire les choses soi-même est le meilleur moyen d’apprendre. Tenter, se tromper, se corriger, se renseigner, réussir. Je ne dis pas qu’avec de l’aide, on apprend moins bien, mais dans mon cas personnel (je le répète car c’est important) j’intègre beaucoup mieux quand je bidouille, me plante et maîtrise ensuite 🤣
S’autoéditer est un excellent exemple de processus autonome puisque l’on prend en charge soi-même plusieurs étapes de la conception.
On peut aussi déléguer ! Mais dans mon cas, je peux réaliser plusieurs choses : un volet de ma licence portait sur l’édition, la PAO et la maîtrise ortho-typographique (je suis certifiée Voltaire). Je n’ai toutefois pas poursuivi sur la voie de l’alternance, quoique j’aurais aimé approfondir mon savoir-faire dans ce domaine.
Rester en partie autodidacte, faire appel à mes acquis et aller plus loin en lisant/me documentant/me formant sur la suite Adobe notamment, me permet de ne pas perdre la main avec mes connaissances.
Mon plaisir – et mon but – est en partie là : apprendre et mettre en pratique mes acquis sur mes propres projets ! (et peut-être ceux d’autrui un jour… 😉)
4- Pour mettre ma patte dans chaque étape de la publication
Conséquence directe de mon argument précédent : puisque j’apprends à faire certaines choses (ou à les faire mieux), je peux m’amuser plus facilement avec mes romans. Exemple tout bête : en gagnant en aisance avec Indesign, je peux imaginer des mises en page plus originales et ambitieuses (le rêve ultime 👌🏽)
Parce que, pour être honnête, je ne me considère pas comme simplement autrice : je me positionne comme une créatrice. Je crée avant tout des personnages, leurs univers, leurs histoires, mais je songe aussi à l’objet-livre lui-même. Et, je vous avoue : aussi à des objets qui leur ressemblent et qui me permettraient à moi (et aussi aux lecteur·rice·s !) de toujours avoir un peu de mes bébés avec soi ~
Un mot pour conclure
Mon choix se résume donc en un mot : liberté.
J’ai choisi le processus de l’autoédition car j’aime faire les choses par moi-même en plus d’apprendre et contrôler mes objets-livres comme mes univers. Ce n’est certes pas le chemin le plus facile, ni le plus reposant ni le moins coûteux, mais j’en suis consciente et cela correspond à mon profil d’autodidacte hypercréative et autonome.
Évidemment, je ne blâme pas du tout les auteur·e·s qui préfèrent se tourner vers l’édition traditionnelle. De même que je n’ignore pas non plus qu’il existe des maisons d’édition adorables qui sont à l’écoute, et que je ne me ferme pas à cette expérience – quoiqu’elle ne soit pas du tout dans mes projets dans l’immédiat.
Bref, ce qu’il y a retenir sur mes choix est que je les ai faits en écoutant QUI JE SUIS (hypercréative oui mais encline au stress par exemple), en fonction DE CE QUE JE VOULAIS ÊTRE OU AVOIR (indépendance, possibilités de mettre en application mes propres compétences pour aller plus loin dans la création de mes œuvres ou ses « autour« ).
Ainsi, pour que vous fassiez votre choix (sans qu’ouvrir une porte ne vous ferme l’autre, souvenez-vous !), il faudra que vous déterminiez votre profil et votre projet d’auteur-rice sur le long terme éventuellement :
- Cherchez-vous l’indépendance ou souhaitez-vous être accompagné·e ? Selon votre choix, avez-vous bien conscience du travail que cela implique ?
- Êtes-vous pressé·e de voir votre livre édité ? Car si vous gérez vos seuls livres en autoédition, une maison d’édition ajoutera le vôtre à son planning éditorial potentiellement déjà chargé – et donc peut-être ne l’éditer au plus que six mois/un an après votre signature… soyez conscient·e de cette éventualité !
- Avez-vous des compétences et avez-vous le temps et l’énergie pour les mettre en pratique ? (à entendre : votre vie personnelle et professionnelle si vous avez un emploi à côté de l’écriture, vous permettent-elles de gérer des aspects supplémentaires à l’écriture de votre livre ?)
- Avez-vous des projets autour de vos romans/de vos univers qui vous demanderaient de posséder des droits spécifiques ou du moins de ne pas les céder en intégralité ? (N.B : il vous est parfois possible de négocier avec votre éditeur·rice au moment de l’édition du contrat dans la limite du raisonnable je pense, mais sans garantie que votre demande soit acceptée ceci dit…)
- Voulez-vous tout simplement dépenser moins d’argent ? En gagner plus ? – N.B. : cela dépend aussi d’autres choix (plateformes, éditeur-rice-s, etc) et paramètres (statut, pays etc.)
- Et cætera…
- Et cætera…
Photo de l’header de Yaroslav Shuraev (recadrée)