Journée nationale des DYS 2024 : parlons de lecture et d’accessibilité !

Journée nationale des DYS 2024 : parlons de lecture et d’accessibilité !
Parcours d'autrice

On connaît le mois des fiertés, la fête de la Musique – et nous sommes dans l’Octobre rose (mois de campagne et d’information au sujet du cancer du sein et son dépistage) mais aujourd’hui est une journée dédiée [en France] à une cause non moins importante : c’est aujourd’hui la 18e journée nationale des DYS.

Qu’est-ce ?
Il s’agit de la journée de sensibilisation concernant différents troubles de l’apprentissage – parmi lesquelles la dysorthographie, la dyscalculie, la dysphasie, la dyspraxie… et la dyslexie.

Pourquoi ça me tient à cœur de parler de la dyslexie ?

Au mois de juin dernier, j’ai eu la chance de travailler avec la mairie de ma commune : ma mission était de composer un conte merveilleux inspiré du patrimoine local, avec l’objectif de l’offrir aux enfants de l’école primaire du coin.

Mon texte écrit, une illustratrice a rejoint le projet et, accompagnées de la bibliothécaire municipale, nous sommes allées rencontrer les maître·sse·s afin de leur parler du conte – pour avoir leur avis en tant qu’enseignant·e notamment.
Dans l’ensemble, il a grandement été apprécié (je vous en reparlerai dans un autre billet 😄) mais une question a été soulevée : celle de l’accessibilité du texte.
Des maîtresses nous ont demandé si on pouvait changer quelques petites choses car plusieurs enfants étaient dyslexiques (et qu’il y en avait de plus en plus à chaque rentrée, précisaient-elles).
Il existe des logiciels permettant de leur présenter les textes – avec des couleurs par exemple, pour les aider à lire, mais puisque nous proposions d’offrir un livre papier avec le conte, il était plus sympathique que l’enfant puisse en profiter seul ou accompagné, chez lui, dans la salle d’attente du médecin, etc. En bref : que le texte n’ait pas besoin de passer à la moulinette du logiciel pour être lu et relu.

Or cette remarque m’a beaucoup fait réfléchir…
Mon public cible n’est pas les enfants en premier lieu, mais les adultes.
J’ai cependant posé des questions autour de moi, mené ma petite enquête.
Et voilà ma conclusion : s’il y a des enfants dyslexiques, pourquoi n’y aurait-il pas des adultes dyslexiques ?

J’ai en effet trouvé des adultes qui avaient des difficultés à lire (entre autres dû à un trouble dyslexique et/ou de l’attention).

Malheureusement, cette difficulté cause souvent une répulsion à la lecture – parce que cela leur demande trop d’efforts, parce que les livres ne sont pas adaptés, parce que c’est gênant d’ouvrir un livre mais avoir autant de mal alors que les autres non…
Cela les décourage de lire. Ou pire : lorsqu’ils s’y essaient, la lecture les dégoûte plus qu’elle ne les fait rêver.
Et ça, ça fait mal à mon cœur d’autrice-lectrice 💔

Écrire tout en étant accessible : les détails qui changent tout

En tant qu’auteur·ice (et à plus forte raison pour les auteur·ice·s indépendants), je pense très fort nous avons le pouvoir de rendre la lecture plus douce et agréable pour les personnes dyslexiques.

Pour comprendre comment, je vous propose de regarder la description qu’en donne la Fédération française des DYS 😊🔽

Nature des troubles spécifiques de l’acquisition du langage écrit communément appelés “dyslexie” et “dysorthographie”.

Il s’agit d’une altération spécifique et  significative de la lecture (dyslexie) et/ou de la production d’écrit et de l’orthographe (dysorthographie).
[…]
Manifestations
• Difficulté à identifier les mots.
• Difficulté à lire sans erreur et de manière fluide.
• Difficulté à découper les mots dans une phrase.
• Fatigabilité importante liée à l’activité de lecture et d’écriture.

En résumé : les personnes dyslexiques ne parviennent pas à déchiffrer les mots ; leur perception ne leur permet pas ou mal de distinguer clairement les lettres, les groupes de lettres. Et par conséquence : mal ou ne pas comprendre un texte.

Le tout premier problème est donc dans la forme du texte ; sa forme typographique !

Les maîtresses de l’école primaire nous avaient notamment demander de préférer une police Sans Serif – c’est-à-dire une police sans empattement (les petites décorations sur les traits du p ou du j pat exemple). La police Arial est une police sans empattement.

*J’ai aussi trouvé une police pensée pour les personnes dyslexiques – OpenDyslexic – que l’on peut utiliser librement et gratuitement. J’ai mis un exemple de texte un peu plus bas et le lien tout à la fin de l’article 🤓

Aussi, avec un peu de bidouille ou sur Indesign si on l’a et que l’on sait s’en servir, augmenter l’espacement entre les mots est une astuce qui peut grandement aider. Changer la taille de la police, d’un point supplémentaire (13pt au lieu de 12pt) est bienvenu aussi !

Bref, en quelques clics, on peut faire toute la différence pour les personnes dyslexiques – et rendre nos histoires et nos univers accessibles pour elles ! (Vous imaginez avoir le pouvoir les réconcilier avec la lecture ? ✨🥰)

Ce que je compte faire à mon échelle ♥

Je suis une grande amoureuse des contes de fées, or une de leur caractéristique propre est leur transmissibilité. Un conte se transmet de génération en génération, se diffuse dans le monde, se transforme d’une forme à l’autre – d’un art ou d’un support à l’autre.

En tant qu’autrice, une des choses qui me tient à cœur est bien sûr que je puisse partager mes histoires. À autant de monde que possible, sans distinction, sans restriction.

Les personnes dyslexiques ne sont pas une grande majorité, loin de là – elles représentent quelques pourcents de la population (qui évoluent à la hausse chaque année semble-t-il…).
Est-ce néanmoins une raison de ne pas faire un effort pour elles ? Pour moi, c’est un grand non ~

Face à ces enseignantes de primaire, j’ai songé que c’était même un moindre effort : le plus dur est d’écrire un texte, pas de changer la police, la taille ou l’espacement !

Je sais que les standards d’édition restent assez ancrés : une police trop grande ou autre que les classiques Times New roman, Georgia ou compagnie peuvent éventuellement faire croire à de la fantaisie… voire à de l’amateurisme.

J’envisage ceci dit de créer une version adaptée de mes romans : pour chacun d’eux, je projette de proposer une édition mise en page avec ces petits détails qui changent tout que j’ai cités plus haut. Ce sera autant un objectif qu’une priorité – bien avant le relié ou la version poche même 🙈

J’ai vu qu’une autrice, Alex Sol, le faisait déjà. C’est vraiment ce à quoi j’aspire pour mes parutions futures !

J’y travaille donc depuis un moment et voici un exemple avec les premières lignes de mon roman Pour l’amour du Prince-Oiseau :

J’ai ici augmenté la police (13pts) et utilisé la police adaptée OpenDyslexic que je mentionnais un peu plus haut.
Cette dernière est plutôt ronde (donnant un sentiment de roman jeunesse) et ne sera peut-être pas au goût de tous les lecteurs… Ce que je comprends, mais qui ne m’empêchera pas de créer une maquette spéciale en parallèle de l’édition « régulière » 🥰

Et vous, qu’en pensez-vous ? Vous liriez cette version ?

Mais surtout : seriez-vous prêt·e à rendre vos textes accessibles ? 😉

Références

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Enchantée !

Moi, c’est Amelia 💜

Je suis autrice indépendante et mes genres de prédilection sont la fantasy, les réécritures de contes et le thriller fantastique.

Je suis également conseillère littéraire et propose mes services de script doctoring/BL et de mentorat d'écriture.
Mon but ? Guider les auteur·rice·s durant l'étape de planification d'un projet comme celle de réécriture de leur manuscrit, avec la bienveillance d'une marraine-fée et la rigueur d'une détective 🔍💫

Retrouvez sur mon blog mes astuces pour travailler votre texte, mon expérience autour de l'écriture et des anecdotes sur mes univers. Bonne visite !

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